sexta-feira, julho 14, 2006

Beckett, Strehler e Lazzarini no Festival de Almada

Repete amanhã às 21h00 no Novo Teatro Municipal de Almada, no âmbito do 23º Festival de Almada a famosa encenação de Giorgio Strehler da peça Dias Felizes, escrita por Samuel Beckett. Recupera-se aqui o texto escrito a 08 de Abril por Martine Silber para o jornal francês Le Monde aquando da apresentação do espectáculo em Paris, no passado mês de Abril.

Beckett revu par Strehler repris par Lazzarini

EN 1982, Giorgio Strehler mettait en scène Oh ! les beaux jours, de Samuel Beckett, avec, dans le rôle de Winnie, l'une de ses actrices préférées, Giulia Lazzarini. Plus de vingt ans après, c'est ce même spectacle, en italien, qui est donné à Paris au Théâtre de l'Athénée-Louis-Jouvet, pour quelques jours.

Carlo Battistoni, le mari de Giulia Lazzarini, qui a repris la mise en scène, confiait en janvier 2004 que « la grande difficulté, (...) c'est d'adapter un cadre préexistant à quelqu'un qui a changé ». Or, si l'on pouvait craindre une sorte de muséographie, un placage momifié, c'est justement l'évolution de l'actrice qui donne à ce « nouveau » spectacle sa force et une immense émotion. Seule incongruité, le sous-titrage en français, qui résume sans le respecter le texte original.

FRIVOLITÉ, NOIRCEUR

Strehler est mort en 1997, Battistoni en juillet 2004. Reste Giulia Lazzarini. Strehler avait choqué, comme souvent, en ne respectant pas les indications de Beckett : un décor longiligne de sable blanc se reflétant dans du Plexiglas noir au lieu d'un « petit mamelon s'élevant dans une étendue d'herbe brûlée », le débit rapide de l'actrice, sans marquer (comme l'avait fait Madeleine Renaud, à la création, en 1963, mise en scène par Roger Blin) les pauses voulues par l'auteur, et surtout une légèreté, une frivolité même, fort éloignées de la noirceur et du désespoir que l'on attribue à cette apocalypse, cette fin du monde, cette fin de vie.
Mais la compassion du spectateur naît de ce contraste, comme si le babillage enfantin alourdissait encore la solitude infinie de Winnie. Comme ces enfants qui jouent et dansent entre deux bombardements, insouciants.

Pauvre petite Winnie, si frêle dans sa gangue de sable, si prompte à s'émerveiller, à s'attendrir, qui se réjouit d'un rien en fouillant dans son sac aux trésors, cadeau de Willie (Franco Sangermano), son homme mal léché. Pauvre petite Winnie, qui rythme ses journées interminables en gardant sa routine, se laver les dents, se coiffer, mettre du rouge à lèvres, ne pas chanter trop tôt mais chanter quand même. Pauvre petite Winnie, sous son chapeau fleuri, qui se donne un torticolis pour essayer de voir son Willie, guette un signe, une approbation et ne reçoit que des miettes, trois mots, un grognement, et le console, se console, en lui cherchant des excuses.

Elle rit, s'inquiète, s'insurge, s'amuse, sa voix passe du rire aux larmes retenues, roule les mots, les bouscule, indestructible, mais pour combien de temps ? Pauvre petite Winnie, qui parle sans cesse, dans sa robe si décolletée que des seins trop lourds s'en échappent parfois. Giulia Lazzarini a vieilli et se sert de ce corps un peu usé, un peu fané, avec une impudeur tragique, prélude à l'horreur.

Car voici la fin, et avec quelle violence, quand seule sa tête échappe au sable. Le visage blafard, sans autre maquillage que ce teint trop blanc, les cheveux épars, emmêlés, le regard affolé de la bête prise au piège, et la voix qui a perdu toute sa pétulance, tout son bagout, et hurle, enfin.

Martine Silber

1 comentário:

Anónimo disse...

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