segunda-feira, janeiro 23, 2006

Avignon 2005-2006

De um Festival ao outro
Uma conversa com Hortense Archambault e Vincent Baudriller,directores do Festival de Avignon, por Jean-François Perrier [in newsletter]



Le Festival d’Avignon 2005 a été l’objet de discussions assez vives et contrastées tant dans le public que dans le milieu de la critique théâtrale.

Vincent Baudriller: Oui, depuis six mois, nous avons beaucoup écouté, entendu et échangé dans les débats spontanés ou organisés qui ont eu lieu pendant et après le Festival. Nous avons lu ce qui s’est écrit sur la programmation et sur les œuvres présentées. Ces débats sont utiles car ils témoignent, s’il en était besoin, de la vitalité du théâtre et de celle du Festival qui pose la question : “qu’est-ce que le théâtre aujourd’hui dans un monde en pleine mutation ? En quoi nous est-il nécessaire ?” Questionnement qui touche à la fois au sens même du théâtre, aux formes multiples qu’il peut prendre aujourd’hui et à ce qu’il raconte au public. Ces débats montrent aussi qu’il n’y a pas qu’une seule, mais au contraire une multiplicité de réponses. Et ils ne sont pas nouveaux, car depuis 60 ans, le Festival n’a cessé de s’ouvrir, de se modifier, de bouger, en maintenant une confrontation entre des formes artistiques diverses. Jean Vilar, déjà, a fait monter sur le plateau de la Cour d’honneur des chorégraphes et des danseurs, des musiciens, des cinéastes pour présenter leurs œuvres, provoquant déjà des batailles souvent acharnées. Autour du théâtre, tous les arts de la scène ont eu leur place à un moment ou à un autre, sans qu’il y ait une quelconque opposition entre eux, et cette ouverture a contribué à faire du Festival d’Avignon ce rendez-vous unique et sa renommée. Notre démarche s’inscrit dans cette dynamique.

Hortense Archambault: Dans la diversité des esthétiques que nous présentons, nous nous efforçons de trouver une harmonie. Cet équilibre nous a semblé être présent en 2004 et en 2005 même si, bien sûr, certaines propositions esthétiques mises au centre du dernier Festival sont habituellement plus à la marge des arts de la scène. Mais il nous a paru possible et important de les présenter à un large public. En fait, la question que l’on peut légitimement se poser est celle du sens des catégories dans lesquelles est parfois cloisonné le théâtre. Ne doit-on pas encourager la curiosité du public hors des chemins bien balisés? Ne doit-on pas mêler au plaisir d’une relecture d’œuvres déjà connues, l’heureuse surprise possible d’une découverte? Chacun apporte sa réponse, mais l’essentiel réside dans cette quête d’émotions et de pensées.

Ce Festival 2005 s’est inscrit dans le projet que vous avez proposé sur plusieurs années. Quelles en sont les lignes directrices ?

H. A.: Nous sommes partis d’un constat assez simple: dans une société en constante et profonde mutation où tout s’accélère, il nous semble que le théâtre, parfois considéré comme une forme archaïque, résiste avec une vivacité remarquable à l’usure du temps, ce qui en fait un art résolument contemporain. Il est toujours ce lieu irremplaçable, permettant à une communauté éphémère d’individus de se rassembler pour voir et entendre une représentation de l’homme et du monde donnée par d’autres individus. La particularité du Festival d’Avignon, c’est que ce rassemblement se fait autour d’une multiplicité d’aventures qui se côtoient et se répondent dans un même lieu et dans un même temps, permettant les changes et confrontations. Pour répondre à ce constat, nous avons donc invité des artistes qui prennent le risque d’inventer des formes, des écritures, pour partager leurs visions et leurs interrogations.

V.B.: Faire et regarder subjectivement le théâtre en toute liberté, c’est un pari qu’il faut tenter. Pouvoir offrir des espaces où il est possible à chacun de se confronter à un regard singulier, de vivre une expérience de l’altérité, nous semble absolument nécessaire aujourd’hui.


Un des points essentiels de ce projet c’est aussi d’avoir associé un artiste à votre programmation. Pourquoi?

V. B.: Depuis trois ans, avec Thomas Ostermeier, puis Jan Fabre et maintenant Josef Nadj, nous avons voulu mettre chaque année un artiste différent au cœur de notre aventure, non pas en tant que programmateur, mais comme artiste. Par son œuvre, son regard, ses questionnements, il est le point de départ et l’inspirateur de la programmation que je construis en dialogue avec lui. Ce compagnonnage, que nous vivons comme une aventure artistique et humaine forte, donne chaque année, nous l’espérons, une âme particulière au Festival. Cette démarche offre une grande liberté, elle donne du sens et ouvre le champs des possibles. Nous ne fixons pas une thématique préalable pour chaque édition, mais nous cherchons à provoquer un dialogue libre entre des démarches artistiques, qui souvent se mettent à résonner entre elles au f ur et à mesure de la construction de la programmation. Chaque année, la phase de préparation met à jour des correspondances, des croisements qui parfois n’étaient pas prévus. C’est vraiment dans le travail, au fil des discussions avec tous les artistes invités et de la préparation de leurs créations, que se révèlent les couleurs dominantes de chaque édition.

H. A.: L’édition 2004 mettait plus en avant une représentation du monde à forte connotation sociale et politique, alors qu’en 2005 le Festival s’est davantage penché sur l’intimité de l’être humain.

V. B.: Ces lignes de force n’empêchaient pas la coexistence d’esthétiques et de propos variés dans la quarantaine de spectacles proposés. Il y a un vrai risque de caricature à vouloir appréhender en quelques mots chacune des éditions ; quoi qu’il en soit, le théâtre est au cœur d’un dialogue permanent entre l’intime et le social, c’est de cela dont nous parlons.

H. A.: Ce qui est très important, c’est qu’à cette liberté des artistes d’imaginer avec nous leur présence au Festival, souvent avec plusieurs propositions artistiques, doit correspondre la liberté des publics qui le parcourent avec des attentes multiples. Chaque spectateur, en effet, invente sa propre traversée. La construction du programme et l’accompagnement des spectateurs par les documents d’information que nous réalisons, les rencontres variées que nous proposons, doivent les aider dans leur choix. Nous organisons à Avignon, pendant toute l’année, des rencontres mensuelles avec les artistes du prochain Festival pour partager cette alchimie particulière et mystérieuse du processus de création d’une œuvre. C’est notre responsabilité de favoriser la rencontre entre artistes et publics et de faire en sorte qu’elle puisse être la plus riche possible.


V. B.: Notamment, nous sommes particulièrement attentifs à l’accompagnement des jeunes spectateurs, dont la fréquentation augmente fortement depuis deux ans. Par exemple, grâce au soutien de plusieurs régions, du ministère de l’Education nationale et à l’implication d’enseignants passionnés, de nombreux lycéens peuvent découvrir le Festival et y être accueillis avec l’aide du Centre de jeunes et de séjour du Festival d’Avignon animé par les CEMÉA, qui fêteront cette année les cinquante ans de leur présence.

Vous êtes encore dans la phase de préparation du 60e Festival, que pouvez-vous nous dire de votre dialogue avec Josef Nadj, l’artiste associé de cette édition ?

V. B.: Nous sommes en effet au moment où apparaissent mieux les couleurs et les tonalités du prochain Festival. Dans nos conversations avec Josef Nadj, deux images sont revenues avec persistance: la terre et le fleuve. La terre comme image des racines et de l’identité culturelle, le fleuve comme lieu du mouvement, du possible déplacement vers d’autres terres, d’autres cultures. Pour Josef Nadj, c’est de la terre de Voïvodine en Serbie qu’il part pour Budapest puis Paris au début des années quatre-vingts. Ce “déplacement” géographique lui a donné une grande liberté, tant dans le regard qu’il porte sur le monde que dans l’invention de son propre univers. Chacun de ses spectacles nous convie à voyager dans son monde imaginaire et mystérieux, hors du temps, où il porte un regard tendre et profond sur notre humanité. La modernité de son art est fortement nourrie aussi bien par une connaissance des formes et des arts traditionnels que par un dialogue avec d’autres arts comme la musique, la peinture ou la littérature. À partir de ces préoccupations, nous traçons des chemins qui croisent ceux empruntés par les artistes que nous avons invités, comme Bartabas, Alain Françon, Arthur Nauzyciel, Anatoli Vassiliev et François Verret annoncés en juillet dernier, et bien d’autres avec qui nous finalisons un travail entamé souvent il y a plus d’un an pour présenter leurs créations. Ensemble, ils dessineront la carte de la 60e édition du Festival, très différente des deux précédentes mais tout aussi passionnante, nous l’espérons.

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