terça-feira, dezembro 07, 2004

Seminário Internacional de Jovens Críticos de teatro (VI)

Apresenta-se hoje a primeira de duas reflexões sobre a condição teatral do teatro na Roménia. O texto segue em francês e é da autoria de Andreea Dumitru

Un certain regard sur le théâtre roumain d'aujourd'hui


J'ai eu la chance de commencer ma vie en tant que spectateur de théâtre en regardant Une trilogie antique, mise en scène d'Andrei Serban, ancien disciple de Peter Brook, qui venait d'être nommé le premier directeur du Théâtre National de Bucarest, après la Révolution du 22 décembre 1989. La production portait ce nom significatif: Une trilogie antique. Il s'agissait, donc, d'une approche subjective des histoires classiques et en même temps d'un regard critique sur le présent: le spectacle parlait de la souffrance, du chemin que l'esprit traversait de l'obscurité à la lumière. C'était comme un acte d'exorcisme du Mal qui habitait la mémoire récente de mon peuple. Cette mise en scène a éveillé de nouveau l'intérêt public pour le théâtre, en marquant le début d'une période fascinante, mais aussi très confuse du théâtre roumain contemporain.

Toutefois, cet art - qui avait constitué au fil de décennies le domaine de la complicité, mais aussi de la résistance contre la dictature - ne pouvait pas échapper, aprés '89, aux chocs d'une démocratie originale: convulsions sociales, climat politique et économique instable. Après la mort de l'idéologie du Parti Communiste, après la suppression de la centralisation et de la censure, on pouvait compter, distribuées dans la majorité de grandes villes, 45 compagnies dramatiques (y compris celles des minorités hongroise, allemande et juive), 5 théâtres d'Opéra, 8 théâtres musicaux et 19 de marionnettes. Toutes étaient des compagnies de répertoire professionnelles, subventionnées par les autorités locales, seules les scènes nationales étant financées par le Ministère de la Culture. Les premiers essais de changement du système encore étatisé ont été initiés par L'Union Théâtrale Roumaine - UNITER (1990), qui a réussi à imposer un statut de l'homme de théâtre dans la société démocratique et à démontrer la nécessité de la cohésion des professionnels du domaine. Quand même, les discussions sur le projet de restructuration des institutions de spectacle ne sont pas encore conclues, principalement à cause de l'absence de mesures de protection sociale des artistes.

Le printemps de la liberté s'est appelée la première tournée de plus importants artistes français sur les scènes roumaines d'après la Révolution. Dans l'autre sens, on récupérait nos figures légendaires, que le régime communiste avait interdites: Andrei Serban (n. 1943), Liviu Ciulei (n. 1923), Lucian Pintilie (n. 1933), Vlad Mugur (1927-2001), Alexandre Hausvater sont revenus pour faire du théâtre dans leur pays en réanimant des scènes et des troupes engourdies. Il faudrait mentionner ici que le metteur en scène gardait toujours sa place centrale dans la vie théâtrale. Le plus éloquent exemple reste peut-être celui de la troupe du Théâtre National de Craiova, devenue grâce aux spectacles de Silviu Purcarete (n. 1950) un phénomène international. On voit aussi aboutir au mûrissement artistique une génération brillante des metteurs en scène: Tompa Gabor (le théâtre de la minorité hongroise préservant son importance exceptionnelle en Roumanie), Alexandru Dabija, Mihai Maniutiu, Catalina Buzoianu, Alexandru Darie. En 1995, la IV-ème édition du Festival de l'Union Théâtrale Européene a été organisée à Bucarest, le Théâtre Bulandra (ici ont crée, pendant la dictature, Liviu Ciulei et Lucian Pintilie) en étant devenue membre. Quand même, dans les conditions d'une éternelle crise du cadre institutionnel, de l'absence de politiques culturelles cohérentes et d'une loi du sponsoring, la vitalité du théâtre roumain des années 1991-1996 ne peut être expliquée que par les efforts de quelques individualités. Il subsistait en réalité un modèle d'expressivité artistique presque inconcevable au-delà du système de subventions officielles.

On assiste enfin, au début de ce millénaire, à un nouveau boom qu'on appelle la génération 2000. Tout d'abord, il faut mentionner que l'une de plus passionnantes discussions qui ont preoccupé nos milieux théâtrals a été l'absence d'une nouvelle dramaturgie roumaine. Après la Révolution, nous avons espéré que la liberté permettra à une nouvelle vague des auteurs de s'exprimer directement sur la réalité. Mais le plus connu et joué des nos auteurs est resté Matei Visniec qui vivait d'ailleurs depuis des années en France, en écrivant ces pièces en français. Chez nous, l'écriture théâtrale se maintenait à un niveau très littéraire, poétique, voire allégorique ou l'on préférait adapter les classiques pour parler du présent.

La rupture entre les générations de créateurs semble depuis l'an 2000 plus évidente que jamais. Un mouvement radicale devient de plus en plus visible: les compagnies indépendantes dont les noms prouvent leurs efforts à survivre (le Théâtre Inexistant, le Théâtre Impossible) gagnent d'importance, sont reconnues et même récompensées avec des prix grâce à la Section Nationale de l'AICT. L'expériment, le théâtre-danse, le caffé-théâtre gagne un public de plus en plus fidèle. Un changement important se produit en ce qui concerne la place du metteur en scène dans la création, sous l'inffluence du théâtre anglo-saxon. Une promotion de l'Université Nationale d'Art Théâtral et Cinématographique - metteurs en scène et acteurs - décident de travailler ensemble presque exclusivement et de rester ainsi même après avoir fini leurs études. Ils s'inspirent du cinéma et de la musique contemporaine, traduisent beaucoup de textes des auteurs nordiques, écrivent et adaptent leurs propres textes comme dans un laboratoire. Le processus du travail en équipe est pour eux plus important que le résultat ou la maîtrise d'un style. Ils refusent tout modèle, c'est pourquoi on parle d'une génération qui "s'auto-génère".

La carte de visite de ce groupe est le projet dramAcum, un concours de dramaturgie adressé aux gens sans aucune expérience du théâtre, mais qui seraient prêts à travailler en contact avec les besoins de la scène, pour aboutir à des aptitudes spécifiques. On cherche des "textes exportables, agressifs, insolents, foux, impliqués, pour le 3-ème millénaire et pour nos jours". La deuxième édition du concours porte le slogan: "Passez les frontières!" Tous ces textes, conçus comme des scénarios, des brouillons inachevés parlent de la dérive, de la violence et de la marginalité des jeunes, dans un langage très direct, voire brutal, avec un sens de la poésie du quotidien, reflétant un monde dépourvu de tout sens. Le texte fétiche sorti de cette initiative est Stop the tempo de Gianina Carbunariu (résidente de Royal Court Theatre de Londres) qui vient d'être presenté cet été à la Theaterbiennale de Wiesbaden.

14 ans après la Révolution, le retour au texte, l'affirmation d'un théâtre-manifeste, d'un théâtre-action me parraissent décisives. La promotion de nouveaux textes par la pratique des spectacles-lecture est devenue un phénomène en Roumanie. On remarque aussi, le déclin du prestige des théâtres subventionnés à la faveur du mouvement underground qui démolit l'idée de théâtre commercial, centré sur le culte de la vedette, sur la nostalgie du spectacle "bien fait", idées incarnées aujourd'hui, aux yeux de ces jeunes, par le Théâtre National de Bucarest.

ANDREEA DUMITRU é crítica de teatro na Roménia. É redactora da Teatrul azi (onde sairá um dossier especial sobre o teatro em Portugal no próximo número de Janeiro) e colaboradora da revista Adevarul literar si artistic

Contactos teatrais na Roménia.


Contacto: orvietan@hotmail.com

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